« Le Mystère Jérôme Bosch » dans les salles de cinéma

C’est l’une des œuvres les plus fascinantes dans l’histoire de la peinture occidentale. Le triptyque du Jardin des délices de Jérôme Bosch a inspiré des générations d’artistes et de poètes, en suscitant des interprétations aussi nombreuses que variées. Dans le film « Le Mystère Jérôme Bosch » qui sort en salle ce 26 octobre, consacré à ce tableau qui compte parmi les plus importants du peintre, des historiens de l’art, des philosophes, des psychanalystes, rendent hommage à un artiste mystérieux qui défie le temps.
Publié le 24 octobre 2016

La sortie de ce documentaire vient clôturer une année de commémorations des 500 ans de la disparition de Jérôme Bosch. A la suite de l’exposition dédiée au maître hollandais organisée à Bois-le-Duc sa ville natale, l’Espagne présentait l’œuvre de l’artiste au musée du Prado dans une rétrospective complétée par l’un des chefs d’œuvre de sa collection : « Le Jardin des délices ». En concentrant un documentaire sur ce triptyque emblématique du début du XVIe siècle, le réalisateur espagnol José Luis Lopez-Linares a souhaité donner des clés de compréhension pour pénétrer un peu le « mystère Jérôme Bosch ».

Je dois inventer un film qui commence comme un documentaire pour bifurquer vers des contrées plus personnelles ». José Lopez-Linares

Tel un « archéologue des émotions », sa démarche veut d’abord transmettre des idées : « Je ne cherchais pas vraiment à comprendre tous les aspects techniques, ni les théories visant à élucider le style de Jérôme Bosch. Je voulais réunir des individus qui posent des questions perspicaces et spirituelles et qui m’aideraient, ainsi que les spectateurs, à mieux appréhender le tableau plutôt qu’à l’expliquer. D’une certaine manière, j’ai fait appel à des visiteurs du musée du Prado, mais des visiteurs un peu « spéciaux ». Ainsi, celui-ci donne la parole à des écrivains comme Michel Onfray ou Salman Rushdie, au chef d’orchestre William Christie, à l’artiste plasticien Cai Guo-Qiang et autres musiciens, historiens de l’art, neuroscientifiques ou dramaturges. 

Le professeur Frédéric Elsig, de l’Université de Genève, explique : « Malgré sa structure, le triptyque ne constitue pas un retable religieux mais une œuvre profane destinée à orner le palais bruxellois de Henri de Nassau, connu comme collectionneur et bon vivant. Fermé, il montre en grisaille la Création du Monde au troisième jour, c’est-à-dire avant la création des êtres vivants. Ouvert, il représente le Mariage d’Adam et Eve dans le volet gauche, où l’on voit notamment un chat dévorant une souris, petit détail humoristique sur le rapport des sexes faisant allusion à une gravure de Dürer (1504). Au centre, il met en scène une utopie fortement débattue par les théologiens au temps de Bosch : le monde tel qu’il serait si l’homme n’avait pas pêché (ce qui explique l’absence singulière du Péché originel dans le volet gauche). […]

Bosch multiplie les détails propres à cette utopie, dominée par des formations de corail qui évoquent étrangement les curiosités naturelles alors collectionnées par la cour des Habsbourg. Dans le volet droit, il rejette tous les objets fabriqués par la main de l’homme dans un enfer. […] Le triptyque du Jardin des délices doit être compris dans ce contexte. Il répond au goût de la cour pour l’originalité artistique, pour l’énigme et pour la singularité des sujets que seul un cercle restreint pouvait pleinement saisir […] Dès le départ, l’œuvre a donc fasciné par sa singularité même et par le fait que son sens se dérobe, en appelant l’interprétation personnelle ».

Ainsi, l’idée du réalisateur était de poursuivre la conversation dans le siècle présent et d’impliquer le spectateur. Quand le film s’achève, chaque spectateur peut commencer sa propre conversation avec le tableau. Et bien sûr le tableau fonctionne comme un miroir.

Comme le dit Salman Rushdie dans le film : « le triptyque est très moderne et happe celui qui le regarde. Toutes ces couleurs – les bleus et rose pastels’, l’imagination qu’il suscite, son mystère impénétrable contribue à le rendre très attirant. Le peintre commence par séduire et envoûter le spectateur. C’est la première étape. Une fois attiré, le spectateur peut entrer dans le tableau. Bien sûr, beaucoup de personnes ne rentreront jamais dedans, mais elles peuvent sentir la démarche et se sentir impliquées. »

L’œuvre n’a aujourd’hui rien perdu de son pouvoir de fascination, comme en témoigne remarquablement le film de José Lopez-Linares.

La bande annonce du film:

Le mystère Jérôme Bosch, un documentaire de José Lopez-Linares
Sortie le 26 octobre 2016
2016 – Espagne/France – 84 minutes – VO- Numérique – couleur – 1.85 – son 5.1
Pour aller voir le film : www.allocine.fr

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