C’est précisément la capacité de l’art à générer cette vitalité, cette liberté, qu’Olivier Kaeppelin, directeur de la Fondation, a choisi de montrer ce printemps 2016, en réaction à une fin d’année 2015 vécue collectivement comme mortifère et aliénée par l’inquiétude. L’art, au service des utopies, contribue à changer le monde ou à en proposer d’autres.
En inventant des formes et des espaces à vivre, pour vivre, l’art libère une pluralité de mondes et génère de la mobilité, de l’intelligence, de l’énergie. Loin des seules images et des objets, l’art rappelle qu’il peut modifier la réalité, créer de la joie et croire en « un dieu danseur » (Friedrich Nietzsche). L’art est, aujourd’hui, absolument nécessaire. À la peur des catastrophes, de l’arrêt de mort, l’art, dans cette exposition, répond par l’échappée, le mouvement, une forme de vie et de plaisir, précise Olivier Kaeppelin.
Une multitude d’univers sont proposés dans le parcours de l’exposition pour permettre aux visiteurs de passer d’une vision du monde à l’autre. Puisant dans l’expérience de la déambulation du corps, de l’esprit ou du regard, des œuvres comme celle de Jan Voss, Brice Marden ou de Jean Messagier composent des espaces où l’inconnu, l’inattendu, permettent de glisser dans des états instables ou de « fourmillements ».
Parfois l’artiste place dans la composition des éléments reconnaissables qui participent à nous rassurer…mais très vite nos repères sont brouillés : l’espace est fragmenté, perturbé. Ce qui est lisible n’est plus alors que le véhicule qui nous entraine vers des mondes imaginaires, poétiques, énigmatiques.
Certaines œuvres se déploient autour de l’individu, cet être de formes et de lignes, suggéré ou prenant place dans un décor. Présence ou disparition. Energie ou silence.
Dans les œuvres de Jean Dubuffet, d’Alexandre Calder, de Hans Hartung, d’Henri Michaux ou de Jean Bazaine, c’est le mouvement qui articule les formes dans l’espace. Les ruptures d’harmonie, l’asymétrie, la confrontation des couleurs, le sentiment de vitesse, de tension, remuent et font trembler l’espace de la toile ou du papier. Cette dynamique semble se prolonger hors-champ pour nous atteindre, nous aspirer ou nous propulser dans de nouveaux espaces.
Parfois ces vibrations sont issues de la matière, de la touche, des contradictions entre la rugosité et la fluidité des coulures. Pierre Soulages cherche la lumière depuis le noir, traversant la matière par des jeux de stries, de rythmes de formes, par des passages vers le blanc. Fiedler, lui, questionne une « lumière-matière » rayonnante : par la lumière, il lie visible et invisible, il révèle, il noue, de manière inextricable des figures évidentes et les formes obscures, commente Olivier Kaeppelin.
Enfin le potentiel de la couleur à nous faire glisser dans d’autres espaces est interrogé. Sam Francis ou Jean Michel Meurice délimitent ou prolongent le support de la toile pour nous y convoquer.
Ce parcours a le désir de faire résonner et raisonner toutes les vies possibles de l’espace, toutes nos vies possibles grâce à l’espace […]. Un voyage spacio-sensoriel atypique !
Informations pratiques
Espace, Espaces ! jusqu’au 16 mai 2016 à la Fondation Maeght
623 chemin des Gardettes
06570 Saint-Paul de Vence, France
www.fondation-maeght.com
Tél. : +33 (0)4 93 32 81 63
Ouvert tous les jours, sans exception de 10h à 18h
Tarifs : Adultes 15 €-Groupes (+10 pers.), étudiants, -18 ans 10 €- Enfants (-10 ans) gratuit