L’exposition s’organise autour de trois thématiques : Rodin expressionniste, Rodin expérimentateur et Rodin, l’onde de choc. Ce parcours se veut le reflet de la trajectoire de l’artiste, en explorant tour à tour son œuvre, sa capacité d’invention, et pour terminer son influence et sa postérité. Les œuvres iconiques de Rodin côtoient d’autres sculptures ou peintures de ses contemporains jusqu’à celles de nos contemporains, balayant ici le spectre de son héritage sur tout le siècle écoulé.
Rodin, comme Monet, a connu et connaît toujours une célébrité mondiale. A chaque génération, il a fasciné le public. Nombreux furent les artistes à se mesurer à son esthétique, s’en inspirant ou en prenant le contrepied. Rodin explore toutes les facettes de la sculpture : de l’assemblage à la figure partielle en passant par le collage, pratiques reprises par Matisse et Picasso.
Rodin expressionniste
A partir des années 1880, Rodin est salué comme celui qui a rendu vie la sculpture : « de conventionnelle, la sculpture s’est faite expressive ». Le corps fournit le vocabulaire des passions humaines, un expressionnisme rodinien s’impose. Il s’applique à détacher les formes et la nature de toute référence historique, mythologique ou littéraire, comme l’illustre parfaitement la Porte de l’Enfer (dont le moulage d’un tympan est visible dans l’exposition) le célèbre Baiser.
Rodin expérimentateur
L’exposition de son œuvre, que Rodin organise à Paris en 1900 en marge de l’Exposition Universelle, le place au premier plan de la scène artistique. Il y montre un aspect inédit de son travail à travers des séries d’œuvres en plâtre. L’exposition de 1900 révèle en effet un processus de réinvention permanente, fondamentalement expérimental. L’artiste assemble parfois des éléments incongrus, procède par répétition, fragmente les formes, repense l’insertion des sculptures dans l’espace. Le succès rencontré implique une multiplication des versions, toutes différentes, le sculpteur faisant à chaque étape évoluer sa pensée. Bourdelle, Matisse, Brancusi ou Picasso notamment ancrent leurs premiers travaux dans sa pratique.
Rodin exploite largement la photographie à partir des années 1880. Les tirages retouchés par l’artiste deviennent des œuvres à part entière et sont utilisés et intégrés au processus créatif. Après 1945, des artistes comme Annette Messager avec son diptyque des Mains, porteront à son paroxysme cet usage de la photographie.
Rodin : l’onde de choc
Pendant l’entre-deux-guerres, Rodin est un peu moins considéré. La diffusion de ses oeuvres par leurs seules versions en marbre ou en bronze compte certainement parmi les raisons de cette désaffection relative. Mais plus généralement, la domination des avant-gardes établit une ligne de partage entre une figuration qui serait passéiste et une abstraction qui serait seule moderne.
Après la deuxième guerre mondiale, on découvre un nouveau Rodin et de nombreux aspects inconnus de son travail : assemblages de figures de plâtre et de vases antiques, mouvements de danse, moulage de la robe de chambre de Balzac sont autant de choc pour le public comme pour les avant-gardes. Les collectionneurs de Rodin lèguent de nombreux ensemble aux musées, et la « fièvre Rodin » semble avoir repris, et semble durer toujours, en témoigne le succès déjà triomphant de cette grande exposition.