12 lieux, pour 12 artistes contemporains, et non des moindres : Vincent Barré, Nicolas Daubanes, Agnès Fornells, Pablo Garcia, Nicolas Guiet, Julie Legrand, Suzy Lelièvre, Éric Michel, Yazid Oulab, Pierre-Alexandre Rémy, Stéphane Thidet, Felice Varini. Voici la promesse d’une belle édition 2018 pour « IN SITU, patrimoine et art contemporain ». Spectaculaire, cet événement s’attache à valoriser de manière originale le riche et somptueux patrimoine de la région, établissant un dialogue renouvelé chaque année entre l’architecture et l’art contemporain à travers des installations éphémères adaptées à l’esprit des lieux. Voici notre sélection de quelques escales…
Du côté de l’Ariège, deux univers artistiques, que nous avons déjà explorés dans les pages de Narthex, prennent possession de deux lieux grandioses : le Château de Foix et le palais des évêques de Saint-Lizier. Le premier, construit sur un promontoire rocheux, fut tour à tour caserne, habitat et prison, prend vie sous les dispositifs lumineux de l’artiste Eric Michel, qui avait été en 2013 le « Passeur de lumière » du couvent de la Tourette construit par Le Corbusier. Il emprunte les couleurs aux enluminures du Livre de la chasse de Gaston Phoebus, illustre habitant du château, qu’il projette en alternance sur deux plans, les rochers et le château.
A Saint-Lizier, l’ancien siège épiscopal accueille en sa cathédrale, Notre-Dame-de-la-Sède, les œuvres aériennes de Julie Legrand, dont nous avions visité l’atelier il y a quelques temps. Sous les belles voûtes peintes, le verre et la pierre de l’artiste semblent nous inviter à l’élévation.
Dans l’Aude, un autre ancien palais (archi-)épiscopal, celui de Narbonne, a livré ses secrets à l’artiste Nicolas Daubanes. Dans la tour dite Gilles Aycelin, il donne une visibilité et donc une lisibilité aux graffitis anciens en les transformant en signes lumineux, nous faisant ainsi voyager dans le temps jusqu’en mai 1792.
Dans les abbayes de Fontfroide et de Lagasse, lieux propices au recueillement et à la contemplation, deux artistes ont su donner une résonnance particulière à cette quête silencieuse. Dans la sobriété cistercienne de la salle capitulaire de Fontfroide Vincent Barré, qui avait déjà enchanté Chaumont-sur-Loire, installe une grande couronne en branches de figuier en bronze en hommage à Dionysos, dieu rebelle à l’ordre établi des théologies comme des pouvoirs politiques. Symboliques païenne et chrétienne s’entremêlent ainsi au fil des sinuosités. A Lagasse, dans la salle d’apparat, Stéphane Thidet installe un plancher d’où émerge une barque, qui semble apparaître ou au contraire s’effacer, selon le point de vue du visiteur.
Devenues incontournables dans ce genre d’événements conjuguant patrimoine et installations contemporaines, les célébrissimes œuvres anamorphiques de Felice Varini (nous en parlions l’an dernier dans le Partage des eaux) ne pouvait que trouver leur place dans IN SITU. L’installation « Cercles concentriques excentriques » prend ainsi place sur l’un des remparts de la cité de Carcassonne, capitale de l’édition 2018 de IN SITU ; elle insuffle ainsi une dynamique qui nous pousse à un regard renouvelé sur l’architecture.
Un autre de nos coups de cœur se visite dans l’Hérault, plus précisément dans l’abbaye de Gellone. Yazid Oulab y dispose les œuvres monumentales « Clous » et « Monolithe » qui nous mettent face aux premiers outils de l’humanité, l’écriture (cunéiforme – sur la base de formes de clous) d’une part, le silex d’autre part. Nous remontons le cours de la préhistoire, jusqu’aux origines de l’humanité…
Sur les routes d’IN SITU, vous croiserez encore Agnès Fornells au Musée du Patrimoine Industriel et Minier de Décazeville, Suzy Lelièvre sur l’aire de vision du Viadur du Viaur, Pablo Garcia au château de Baulx, Pierre-Alexandre Rémy à l’Hôtel Flottes de Sébasan de Pézenas, ou Nicolas Guiet à l’hôtel de la Monnaie de Figeac.
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