La trajectoire créative d’Auguste Perret, entre esthétique et techniques modernes

Une exposition au Palais de Iéna (Paris) met à l’honneur le parcours d’Auguste Perret à travers huit de ses chefs d’œuvre. Les nombreux documents d’archives présentés jusqu’au 19 février 2014 montrent le rôle de premier plan que l’architecte a joué dans la définition d’une esthétique spécifique au béton armé. Ses églises Notre Dame du Raincy (1923) et Saint Joseph du Havre (1951), témoignent de l’équilibre inédit trouvé entre le sacré du lieu et les techniques modernes.
Publié le 10 décembre 2013

L’exposition du Palais de Iéna diffère des manifestations précédentes consacrées à Auguste Perret (1874-1954). Elle souhaite faire partager à un large public l’intimité d’une démarche créative qui compte parmi les plus élevées qu’ait produites la discipline architecturale au XXe siècle.

Auguste Perret, 1925 – Photographie ©CNAM/SIAF/CAPA, Architecture du XXe siècle/Auguste Perret/UFSE/SAIF

Tout au long de sa carrière, Auguste Perret (1874-1954) a développé une pratique architecturale exigeante fondée sur des dispositifs inédits reliant le pensé, le graphique et le construit. Elle se retrouve dans ses créations d’édifices religieux.

Georges-Henri Pingusson, architecte contemporain de Perret, résumait en 1938 la triple responsabilité à laquelle l’architecte doit faire face pour de tels projets :

« D’abord en face de Dieu, il est le premier prédicateur de l’église qu’il construit. Ensuite en face des hommes, il doit répondre aux aspirations des chrétiens de son temps et plus encore de ceux qui cherchent à atteindre la vérité. L’architecte doit être le témoin de son époque et révéler devant l’histoire son caractère particulier, ses moyens et sa vie spirituelle. Enfin, face à lui-même, l’architecte doit accepter de remplir un devoir de clairvoyance, de sincérité et de courage. Ce devoir, il l’accomplira par le parti architectural qu’il adoptera. »

Auguste Perret avait trouvé une règle suprême de l’architecture, celle de l’économie des moyens, en vertu de laquelle la beauté doit être créée avec le moins possible de matière et de main d’œuvre.

Le clocher de l’église du Raincy par exemple n’est qu’une combinaison de colonnes déjà utilisées à l’intérieur de l’édifice, accouplées quatre par quatre en forme de faisceaux.

Toutefois, s’il ne s’est permis aucun recours à des accessoires d’ordre décoratif, l’architecte n’a pas fermé son église aux œuvres d’art. Il s’est même adressé à quelques-uns des artistes les plus en vue de son temps : le sculpteur Antoine Bourdelle et le peintre Maurice Denis, premier des peintres français à s’être pris de goût pour le vitrail.

Obtenu par l’utilisation brute du béton, l’effet visuel monumental est accentué par le symbolisme de l’élévation. Edifiée avec des crédits de dommages de guerre, dans un quartier de la ville entièrement reconstruit par Perret, l’église Saint Joseph du Havre s’insère dans un vaste ensemble de bâtiments dont elle constitue le fleuron. Elle est aujourd’hui inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco.

« La façon la plus naturelle et la plus belle d’exprimer l’élan de la prière, déclare l’architecte, réside dans le signe lyrique de la hauteur qui convient à une église votive dont la flèche, visible de loin, rappelle à ceux qui arrivent soit par terre, soit par mer, les souffrances et la résurrection d’une grande cité ».

Le Havre, vue aérienne vers l’église Saint Joseph ©CNAM/SIAF/CAPA, Architecture du XXe siècle/Auguste Perret/UFSE/SAIF

Cette église est dotée, comme celle du Raincy, de verres colorés, insérés dans les claustra de béton, et donnant à l’édifice l’aspect d’une immense châsse. Les lignes verticales, la minceur de la voûte et de la paroi ajourée dont la partie vitrée augmente avec la hauteur, créent un effet aérien incontestable.

Ainsi, les progrès techniques accomplis dans l’emploi du béton armé ont-ils permis à Perret d’édifier un monument audacieux à partir de l’idéal des bâtisseurs du Moyen âge.

Dessins d’architecture originaux, maquettes analytiques, photographies, lettres, etc., tant de documents exposés qui permettent aux visiteurs de découvrir les secrets d’une architecture qui a conservé toute la puissance démonstrative et émouvante qu’elle revêtit à son apparition.

L’exposition, conçue comme un collage des différentes recherches de l’architecte, prend place dans la salle hypostyle du Palais d’Iéna qui constitue la première œuvre de l’architecte révélée au visiteur.

Outre les églises Notre-Dame du Raincy et Saint Joseph du Havre, six autres édifices ont ainsi également été choisis pour leur valeur universelle qui s’est imposée dans l’histoire de l’architecture du XXe siècle :

– L’immeuble de la rue Franklin (19603)
– Le théâtre des Champs-Elysées (1913)
– La salle Corot (1928)
– Le mobilier national (1934)
– Le Palais d’Iéna (1937)
– L’Hôtel de ville du Havre (1950)
 

INFORMATIONS PRATIQUES

Auguste Perret: Huit chefs d’oeuvre !/?, architectures du béton armé

Palais d’Iéna, Siège du Conseil économique, social et environnemental
9 place d’Iéna – 75016 Paris

L’exposition est gratuite et ouverte au public tous les jours jusqu’au 19 février 2014 (11h – 18h). Fermetures exceptionnelles les 14 décembre, 25 décembre et 1er janvier.


Autour de l’exposition

Un agenda culturel spécifique accompagne l’exposition consacrée à Auguste Perret : le Palais ouvre ses portes au public et accueille des conférences, des débats, des ateliers, des concerts ainsi que des projections dans l’hémicycle.

Pour plus d’informations :www.expositionperret.fr


 

Contenus associés
Commentaires
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *