L’expérience qu’Ismaïl Bahri fait vivre à travers ses vidéos aux témoins de ses expérimentations, repose sur le geste. Déroulé, décomposé, méthodique, ralenti, répété. Ce qui l’intéresse c’est que ce geste précis initie une part d’incalculable pour rendre la fuite possible. Il recherche ce moment de tension entre apparition et disparition des choses et des espaces pour renouveler notre perception à travers notre vulnérabilité.
Il n’est pas question de maîtrise, mais d’une recherche de précision pouvant porter les germes d’un indécidable. »
Comme dans sa série Latence, il joue avec le temps et la lumière pour agir comme un révélateur sur une pellicule. Les stries concentriques issues de la manipulation de plaques de verre sur lesquelles ont été déposées des gouttes d’encre et de lait, semblent avoir été sculptées de l’intérieur. Ismaïl Bahri prend le spectateur à témoin pour révéler les formes identiques, sortes de planètes, nées lentement du même geste recommencé. « La forme vient à nous, chargée de son lot de surprises et de sa part d’incalculable ».
La caméra lui permet de mettre des limites au regard, d’encourager l’œil à se concentrer sur l’espace de l’installation que l’artiste va activer. Dans Dénouement, le fil tiré en direction de la caméra redistribue l’espace en deux, tel un diptyque. « On peut penser à des mains de mime, à la recherche d’une précision vaine. Elles semblent s’accommoder du vide. Puis progressivement le fil devient vecteur d’une profondeur. » Le regard du spectateur est ainsi dérouté ; absorbé par un détail net du fil en mouvement à quelques centimètres de la caméra tout en étant happé par cette la perspective atmosphérique du paysage.
Activer l’espace de l’installation par un détail presqu’invisible, Ismaïl Bahri aime le faire également avec le liquide, très présent « pour son aptitude à la caresse ». Dans Ligne, cette goutte d’eau qui repose sur la veine de l’avant-bras semble si vulnérable et pourtant, rend compte de la force intérieure du corps sur lequel elle repose. Tension entre le visible et l’invisible.
Comme un funambule, l’exposition Sondes d’Ismaïl Bahri nous entraine dans un univers ambigu, délicat, dans sa quête de la « précision inexacte »…
Informations pratiques
Sondes, Ismaïl Bahri
Les églises, centre d’art contemporain de la ville de Chelles
rue éterlet
+33 (0) 1 64 72 65 70
leseglises@chelles.fr
rue éterlet
75500 Chelles
Horaires :
– Du lundi au vendredi :
scolaires, individuels et groupes sur rendez-vous.
– Du vendredi au dimanche de 14h à 17h :
visites libres.
Autour de l’exposition
« En chemin »
samedi 8 novembre, à 16h
— Visite des deux expositions d’Ismaïl Bahri « sondes » aux églises, Chelles, et « sommeils » à l’Espace Khiasma, les Lilas.
Dialogue avec Guillaume Desanges, commissaire d’exposition et critique d’art, et Ismaïl Bahri.
— Navette depuis Paris
sur réservation :
leseglises@chelles.fr / 01 64 72 65 70
Départ place de la Bastille, à 15h
— Entrée libre sur site
Visite commentée vendredi 14 novembre 2014 à 14 h
— Visite de l’exposition proposée en partenariat avec l’Université Interâges de Chelles
— Gratuit sur réservation