Chef de file du Land Art avec l’Américain Robert Smithson, le Britannique Richard Long et l’Allemand Nils-Udo, Andy Goldsworth a posé son empreinte à Chaumont-sur Loire. Comme à son habitude, il a choisi des matériaux locaux : de l’ardoise provenant des carrières de Trélazé, près d’Angers, employée jadis pour les toitures des châteaux de la Loire. Avec elle, il réalise un cairn de 3 mètres de haut, (un empilement de roches de forme ovoïde), qu’il « plante » sur une souche de platane aux branches rebelles.
« C’est une sculpture vivante. Elle sera peu à peu « enlacée » par les branches de l’arbre. Plus l’arbre deviendra grand et fort, plus la sculpture le deviendra aussi. » Ainsi année après année, pierres et végétal s’entrelaceront en s’épousant. L’artiste environnemental prévoit de revenir chaque année pour voir évoluer sa création in situ : l’art de Goldsworthy rend compte de ses recherches sur les effets du temps, sur la relation entre les hommes et leur environnement naturel, et sur la beauté du déclin et de la régénération.
Et du Cairn d’Andy Goldsworth à l’œuvre de Giuseppe Penone, il n’y a qu’un pas : l’artiste italien fasciné par le mystère et la puissance des arbres, interroge lui aussi avec poésie le rapport entre l’homme et la nature, de l’empreinte du temps sur les éléments. Dans la continuité de son installation réalisée pour Chaumont-sur-Loire en 2012, -un moulage de sa main enserrant l’écorce d’un jeune arbre -, il encastre cette fois le moulage dans un arbre de bronze de trois mètres de haut.
Il explique : « L’arbre est une matière fluide qui peut être modelée. Le vecteur principal est le temps : l’homme a une temporalité différente de celle d’un arbre ; en principe, si on empoignait un arbre et qu’on avait la constance de ne pas bouger durant des années, la pression continue exercée par la main modifierait l’arbre. » Comme le note Chantal Colleu-Dumond, directrice du Domaine : « c’est un observateur inlassable des forêts, il perçoit et restitue les messages, les forces enfouies, les énergies inscrites dans le bois, invisibles à l’œil nu ».
Véritable poète, Marc Couturier, lui aussi, décèle de fascinantes parentés secrètes entre les choses et donne à voir un merveilleux qui échappe au regard. Au Domaine de Chaumont, il dissémine à plusieurs endroits des signes de piste pour un « voyage végétal et sidéral ». « Il y a un début et une fin, avec un fil conducteur qui est la feuille d’aucuba.
C’est un arbuste originaire d’Asie centrale et du Japon, fréquent dans nos jardins publics, que tout le monde connaît mais que personne ne regarde ». Considérant les étoiles posées sur leurs feuilles tachetées, il prétend qu’avec toutes ces étoiles végétales, il existe des millions de corps célestes sur terre. C’est ainsi que selon lui, « le ciel descend sur terre et que la terre devient ciel ».
Pour son installation constituée d’un ensemble de sculptures en céramique, Pauline Bazignan s’est inspirée du lieu où elle est exposée : « Intérieur. Hespérides me fait penser à un ciel étoilé, c’est une constellation. C’est dans un jardin qu’on observe les plus beaux ciels ».
Laurent Le Bon, directeur du Musée national Picasso, raconte le processus de création de Pauline Bazigan: « elle s’est attachée à rendre sensible l’invisible, la face cachée des choses. Après avoir épluché l’écorce d’une orange, l’artiste reconstitue avec précaution cette enveloppe organique et la remplit de terre liquide pour en révéler le vide et les aspérités. L’écorce brûle, la terre fusionne et de ce feu révélateur naît une série de céramiques. Les moulages d’agrumes évidés deviennent des intérieurs éclos, jouant sur les rapports entre le perceptible et l’imperceptible, l’apparence et l’essence. […] Intérieur semble être le produit d’un happening de l’empreinte. »
Afin de « créer des objets de contemplation qui questionnent de nouveaux modes de pensée, d’appréhension, d’autres moyens d’observer ce qui nous entoure », Davide Quayola utilise le video mapping (une technique de projection vidéo qui prend en compte les volumes sur lesquels se posent les images et permet de souligner en lumière certains éléments d’un objet 3D et de l’animer.)
Pour « Pleasant Places » présenté dans la galerie basse du château, l’artiste a choisi le parc naturel régional des Alpilles pour filmer « les arbres en train de se peindre eux-mêmes. J’ai choisi ce paysage parce qu’il incarnait le décor idéal de l’action que je voulais enregistrer, un prétexte pour donner vie à une vision intérieure ». Résultat : le spectateur peut contempler un paysage qui évolue en permanence pour se transformer en tableau vivant où la texture picturale et les pigments se concrétisent sur la toile.
Entretiens avec les artistes: www.domaine-chaumont.fr/can_plasticiens
Informations pratiques
8e saison d’art au Domaine de Chaumont-sur-Loire, jusqu’au 2 novembre 2016
41150 Chaumont-sur-Loire
Tel : 02 54 20 99 22
Le parcours artistique au domaine, plan des installations : www.domaine-chaumont.fr
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