Près de 90 ans après le début de cette querelle, et pour la première fois depuis leur dépose, la Cité du Vitrail réunit du 22 juin 2024 au 5 janvier 2025 ces créations dans une exposition exceptionnelle dans la chapelle et les salles attenantes de l’Hôtel-Dieu-le-Comte à Troyes. Un évènement qui accompagnera la réouverture de l’emblématique cathédrale parisienne, prévue le 8 décembre 2024.
Aux côtés d’une quinzaine de vitraux (lancettes et roses) qui seront exposés pour la première fois depuis leur dépose en 1939, une vingtaine de maquettes et esquisses mais aussi des tableaux et de nombreux documents d’archives (plans, photographies, articles de presse…) viendront illustrer la virulence des débats de l’époque : Peut-on oui ou non insérer de l’art moderne dans les monuments historiques ? La création contemporaine y a-telle sa place et si oui comment ? L’exposition parcourt alors 30 ans de cette affaire qui s’échelonna de 1935 à 1965, avec des temps forts, des interruptions et des revirements. Cette dernière monopolisa de nombreuses énergies, aussi bien les acteurs de la culture que le grand public.
L’exposition démarre par l’intervention de Viollet-le-Duc vers 1855-1860. À la demande du Chapitre, il fit installer de nouveaux vitraux pour les fenêtres hautes de la nef. Auparavant ornées de verrières du XIIIe siècle, ces dernières ont été déposées en 1753 pour faire entrer davantage de lumière. Jugée peu satisfaisante d’un point de vue historique et esthétique, cette opération fut par la suite critiquée, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle intervention.
Le projet, porté par douze maîtres verriers parmi les plus réputés de leur génération, provoqua de vives réticences qui aboutirent à une véritable dissension : aux partisans d’un respect immuable du patrimoine ancien, que nul ne saurait égaler, s’opposèrent les défenseurs d’un renouveau de l’art sacré par la création moderne.
Si cette proposition artistique, bouleversée par de nombreux revirements, ne vit jamais le jour, plusieurs vitraux ainsi que de nombreux documents d’archives témoignent encore de cette affaire qui enflamma pendant près de trente ans le monde du patrimoine et l’opinion publique. La virulence de ce débat autour de l’insertion de l’art contemporain dans un édifice ancien et hautement symbolique, trouve une résonnance toute contemporaine dans les discussions qui animent l’actuelle restauration de Notre-Dame, suite à l’incendie de 2019.
La vaste campagne de restauration de ces vitraux réalisée de janvier à mai 2024, réalisée en concertation avec la DRAC Ile-de-France et les collectionneurs privés, mènera à l’exposition proposée à partir du 22 juin 2024 à la Cité du Vitrail.
Sainte Geneviève, vitrail réalisé pour Notre-Dame de Paris (refusé), par Jacques Le Chevallier, 1937 (repris en 1959), coll. Cité du Vitrail, don de la famille Le Chevallier © Arch. dép. Aube / Elsa Viollet © ADAGP Paris, 2024
Et aussi…
Après 14 mois d’ouverture au public et plus de 100 000 visiteurs, le parcours permanent de la Cité du Vitrail s’est enrichi d’une dizaine de nouvelles œuvres au printemps 2024. Un renouvellement résolument contemporain avec de grands noms, tels que Kehinde Wiley, Gérard Garouste, Léonard Tsuguharu Foujita, Jacques Gruber, Matthew Tyson ou encore Tal Waldman.
À contempler dans la Galerie des vitraux, située au troisième niveau du parcours permanent.
À propos de la cité du vitrail
Située en plein cœur de la ville de Troyes, la Cité du Vitrail a ouvert au public le 17 décembre 2022 au sein de l’Hôtel-Dieu-le-Comte, ce joyau architectural du XVIIIe siècle retrouvant tout son éclat après 4 ans de travaux.
En présentant des vitraux uniques, d’époques, de fonctions et de styles différents, la Cité se donne pour mission première de dépoussiérer l’image du vitrail et de le rendre accessible au plus grand nombre, sous ses multiples aspects stylistiques, historiques, techniques, iconographiques.
Informations pratiques
Ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 17h