Blanche de La Force, une jeune aristocrate marquée dès sa naissance par les stigmates de la peur, ne se sent pas capable d’affronter le monde et décide d’entrer au Carmel. Mais ce dernier ne pourra lui servir de refuge et la Terreur qui s’annonce sera paradoxalement le catalyseur qui lui permettra de transcender sa peur et d’accéder au Salut.
Dans cette oeuvre, Bernanos met donc en scène la peur, thème central de ces Dialogues comme l’indique l’épitaphe – citation de « La Joie » – qui ouvre le livre :
« En un sens, voyez-vous, la Peur est tout de même la fille de Dieu, rachetée la nuit du Vendredi Saint. Elle n’est pas belle à voir – non ! – tantôt raillée, tantôt maudite, renoncée par tous. Et cependant, ne vous y trompez pas : elle est au chevet de chaque agonie, elle intercède pour l’homme. »
Bernanos mène une réflexion religieuse austère avec une écriture épurée et poétique, intelligible, qui frappe par une grande puissance. Une langue renforcée par la profonde humanité conférée par la tendresse, la naïveté, l’humilité et la familiarité avec lesquelles s’expriment les Carmélites. L’auteur semble emprunter à Sainte Thérèse d’Avila, réformatrice du Carmel au XVIème siècle, la simplicité et la poésie de ses images si concrètes, d’une clarté et d’une pertinence évidentes… mais aussi à Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, surtout à travers les propos de Soeur Constance, marqués du sceau de la petite voie de l’enfance.
Le parti pris scénographique est, selon les propres termes d’Olivier Fenoy et Bastien Ossart, « de traiter cette pièce, non pas d’abord comme l’histoire de ces carmélites conduites à l’échafaud dont le martyre sonna la fin de la Terreur – mais d’une manière plus universelle selon les grands rites d’une Tragédie Grecque. » Il faut applaudir le talent de toute la troupe, comédiens et comédiennes qui se font à l’occasion musiciens, chanteurs et danseurs. La scénographie, décors et lumières, est d’une grande qualité esthétique. Tout est suggéré avec simplicité et efficacité. On sort du théâtre bouleversé et joyeux… en paix !
Par les temps qui courent, il est bon et salutaire de lire ou de relire l’oeuvre de Georges Bernanos. A cet égard, il faut saluer la nouvelle édition, dans un coffret en deux volumes, de l’intégralité de cette oeuvre, dans la précieuse édition de la Pléiade. Un beau cadeau à se faire à soi-même !
Père Philippe Desgens
Aumônier des Artistes du spectacle
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