Le travail que j’ai mené sur Naples durant de nombreuses années m’a amené à lire Thérèse d’Avila, puis les écrits d’autres grandes mystiques (d’elles ou de leur confesseur). Probablement, parce que j’ai fait du corps l’objet et le sujet de toutes mes explorations, ce qu’elles ont dit de l’âme et du corps m’a fasciné. » E.P.-E.
Inscrites ainsi dans les lieux, les évènements qui leur donnent tout leur sens, ces images sont livrées au caprice du temps jusqu’à disparaître. Ne restent que les croquis, les esquisses préparatoires, les dessins matrices des sérigraphies et les photographies in situ que réalise l’artiste. Pensée par Ernest Pignon-Ernest, l’exposition du MAMAC, bâtie sur ces centaines de documents et d’oeuvres propose la découverte d’un processus de travail, l’exposé d’une démarche novatrice, retrace l’ensemble d’un parcours d’exception, sensible, sensuel, alerté, d’une création qui exalte la mémoire, les mythes, la poésie, les révoltes, les personnalités hors norme, toujours en prise sur le qui-vive. Ernest Pignon-Ernest investit l’architecture baroque de l’église abbatiale de Saint-Pons surplombant le Centre Hospitalier Universitaire Pasteur avec la présentation de la série « EXTASES ».
L’exposition s’ouvre sur une image conçue pour la prison de Lyon en 2012, évoquant l’Ecce Homo [Voici l’homme !]. L’ostension a, chez E.P.-E., l’effet inverse de celui de Ponce Pilate : elle désigne les martyrs que l’on ne voit plus et qui sont pourtant sous nos yeux, replace ces figures dans l’histoire de l’humanité.
La première section de l’exposition témoigne de l’attention de l’artiste aux problèmes humains de son temps. Invité en 1971 à commémorer le centenaire de la Commune de Paris, il recouvre les pavés de la capitale d’images de gisants, là où sont tombés ces morts oubliés, pères et fils de la Révolution. Mobilisé contre la politique de l’Apartheid, il inscrit dans sa ville natale une représentation d’une famille noire derrière des barbelés pour révéler ce qu’occulte le jumelage de la ville de Nice avec celle du Cap en Afrique du Sud. E.P.-E. réalise durant cette période, tout en abordant d’autres problématiques, plusieurs interventions à partir d’un travail collectif d’appréhension du thème : Immigrés (Avignon, 1975), Avortement (Paris, Tours 1975), Calais (1975), Grenoble (1976), Expulsés (Paris, 1978).
L’exposition retranscrit également la force du syncrétisme des interventions. À Naples, sa ville de cœur, il crée entre 1988 et 1995 un parcours reliant la mort à la vie, les mythes fondateurs, païens et chrétiens aux coutumes populaires, en interrogeant la peinture napolitaine et notamment l’œuvre du Caravage : L’histoire à Naples ne s’efface pas : s’y superposent mythologie grecque, romaine, chrétienne. Mes images interrogent ces mythes, elles tracent des parcours qui se croisent, se superposent, elles traitent de nos origines, de la femme, des rites de morts que sécrètent cette ville depuis Virgile… E.P-E.
Pour Extases, il travaille sur les mystiques : « Le travail que j’ai mené sur Naples durant de nombreuses années m’a amené à lire Thérèse d’Avila, puis les écrits d’autres grandes mystiques (d’elles ou de leur confesseur). Probablement, parce que j’ai fait du corps l’objet et le sujet de toutes mes explorations, ce qu’elles ont dit de l’âme et du corps m’a fasciné. »
informations pratiques
Ernest Pignon-Ernest
25 juin 2016 – 8 janvier 2017
MAMAC – 1er étage du musée
25 juin – 2 octobre 2016
Église abbatiale de Saint-Pons
Montée de l’abbaye de Saint-Pons
Entrée libre du mercredi au dimanche de 15h à 18h
Visites commentées tous les jeudis à 15h.
Durée : environ 1 heure / Tarifs : 5€ (réduit : 2,50€ )
Achat et délivrance des billets au Centre du Patrimoine, Réservation obligatoire au +33 (0)4 92 00 41 90