Informations pratiques
Du 15 mars au 13 juillet 2024
Visite libre du mardi au samedi, de 10h à 18h
Entrée libre
Visites guidées organisées chaque semaine dans l’exposition. Renseignements & inscriptions ici (clic)
Pour les visites de groupes, c’est par ici (clic)
Mission 128
128 rue du Bac 75007 Paris
www.missionsetrangeres.com
Présentation du cadre historique de l’exposition
L’arrivée en 1549 de saint François-Xavier au sud du Japon permet une expansion rapide et efficace du catholicisme. Progressivement, la multiplication de la présence des missionnaires jésuites et la permission d’évangéliser accordée par les autorités locales fait augmenter le nombre de baptisés. Trente ans après, débarque sur les côtes nippones le jésuite italien Alessandro Valignano, visiteur des missions en Inde et Extrême-Orient. Il organise l’envoi de la première ambassade à destination de l’Europe. Composée de quatre jeunes samouraïs chrétiens, l’ambassade Tenshō arrive à Rome et rencontre le pape Grégoire XIII le 23 mars 1585.
Cependant, une première interdiction du christianisme est édictée en 1587 par le shōgun Toyotomi Hideyoshi, ordonnant aux missionnaires de quitter le Japon. Progressivement, à partir de 1614, les shōgun promulguent un ensemble de lois dans le but d’éliminer le catholicisme et d’instaurer un contrôle étroit de la population : chaque famille doit être enregistrée auprès d’un temple bouddhiste, des panneaux sont installés dans les villes pour rappeler l’interdiction du christianisme et encourager la dénonciation des chrétiens. Des martyrs importants auront lieu à Kyōto en 1619, à Nagasaki en 1622 et Edo (Tōkyō) en 1623. La torture systématique apparaît au cours des années 1630 dans le but de favoriser l’apostasie. Au cours de ces grandes persécutions, on estime que 650 000 personnes auraient perdu la vie pour défendre leur foi.
Les Missions Étrangères de Paris (MEP) arrivent au XIXe siècle, avec le soutien du Saint-Siège pour refonder une mission au Japon. Le premier traité franco-japonais est signé en 1858 mais le Japon n’accepte la présence de ministres des cultes que pour les Occidentaux, le christianisme restant interdit aux Japonais. Les missionnaires s’installent donc dans les concessions réservées aux étrangers dans trois ports ouverts au commerce international : Hakodate, Kanagawa (Yokohama) et Nagasaki. Le 17 mars 1785 un groupe de Japonais se présentent au P. Bernard Petitjean : c’est la résurgence du christianisme à Nagasaki. Commencent alors d’intenses échanges entre chrétiens japonais et missionnaires français que relatent les rapports envoyés au séminaire des MEP. Les missionnaires décrivent l’organisation, les rites et les éléments doctrinaux de ces groupes qui se sont transmis secrètement une foi farouchement interdite pendant 250 ans, sans prêtres et avec très peu d’écrits.
Mais à nouveau, avec l’écroulement du régime politique en place et la restauration du régime impérial en 1868, les oligarques de Meiji (classe dirigeante de l’époque) adoptent une ligne très dure et promeuvent une théocratie impériale fondée sur le shinto. Commence alors la persécution la plus longue et la plus éprouvante pour les chrétiens japonais, jusqu’en 1872-73. La détente sera due à l’évolution de certains intellectuels japonais qui demandent la séparation de la religion et de l’État, et à la dénonciation commune de la politique anti-chrétienne de la part des diplomates occidentaux. Les panneaux d’interdiction du christianisme sont enlevés en février 1873 et les chrétiens déportés peuvent rejoindre leurs villages : la liberté religieuse leur est accordée. Malgré l’accalmie de l’élan missionnaire, conséquence de cette dernière vague de persécutions, les missionnaires chrétiens prennent le temps de mettre au point des instruments pour la catéchèse et la préparation aux sacrements à partir du vocabulaire utilisé par les chrétiens japonais pendant le temps de la proscription.
En 1873, l’étau se desserre enfin sous la pression des délégations étrangères : un édit de tolérance autorise la religion chrétienne pour les japonais. Ceux qui avaient été arrêtés et avaient survécu aux conditions de détention sont relâchés. Beaucoup se retrouvent alors dans une grande pauvreté car leurs bien ont été spoliés. Des missions itinérantes s’organisent ; un passeport intérieur, limitant le séjour au même endroit à trois jours, pousse des missionnaires à sillonner le territoire.
En 1889, la première Constitution du Japon accorde la liberté religieuse, bien que strictement encadrée. C’est la consécration en droit de ce que le gouvernement accordait de fait depuis 1873. Cela permet à l’Église de sortir de ses enclaves, de s’implanter en diocèses et de faire appel à des congrégations religieuses pour élargir l’activité missionnaire et créer de nombreux orphelinats, écoles et dispensaires : dominicains, franciscains, jésuites reprennent le chemin du Japon d’où ils avaient été chassés deux siècles et demi plus tôt.
Au début du XXe siècle, le Japon glisse à nouveau vers un régime totalitaire (domination de Taïwan en 1895, succès de l’armée impériale contre les Russes en 1905, annexion de la Corée en 1910, invasion de la Manchourie en 1931). L’Église doit s’adapter sans se compromettre… La hiérarchie se japonise de manière accélérée et un accord se fait autour de la question des rites dus à l’Empereur, ce qui permet de garder une certaine liberté religieuse. Avec la guerre qui s’internationalise dans le Pacifique à partir de 1942, la situtation des étrangers au sein de l’Église du Japon devient de plus en plus difficile. La capitulation du Japon le 15 août 1945 laissera un pays dévasté où tout est à reconstruire. Mais la liberté religieuse devient totale et protégée par la Constitution de 1946, toujours en vigueur aujourd’hui.
Selon les statistiques publiées par la conférence épiscopale du Japon en 2023, 0,34% de la population serait catholique. Cependant, ce chiffre ne tient pas compte des catholiques ‘enregistrés’, système hérité du temps des persécutions pendant lequel tout habitant devait être ‘inscrit’ au temple bouddhiste de son quartier. Avec les migrants, en particulier latino-américains, arrivés à partir des années 1990, ou bien ceux issus des Philippines et, plus récemment du Vietnam, on estime la population catholique actuelle au Japon à environ 1%.
Bien que les catholiques ne représentent qu’une petite part de la population japonaise, de nobreuses institutions (hôpitaux, écoles, universités, centres d’aides) confèrent au catholicisme une présence importante dans la société. L’Église consacre beaucoup d’énergie aux œuvres sociales : assistance aux SDF et personnes fragiles ou handicapées, migrants, jeunes, familles en difficultés, prisonniers et bien sûr accompagnement des victimes des phénomènes naturels nombreux au Japon.
Après la seconde Guerre Mondiale, la proclamation de la liberté religieuse dans la Constitution permet la floraison de livres de catéchisme, de prière, d’outils pour étudier la Bible et d’initiatives pour mettre la Parole de Dieu à portée de tous. Comme dans d’autres pays, le champ artistique, notamment par les mangas, mais aussi Internet, participent à la transmission et à la diffusion de la foi catholique.
(source : dossier de presse de l’événement)
Autour de l’exposition
Samedi 23 mars
[Conférence] Le catholicisme au Japon : art et histoire du XVIe au XIXe siècle
Mme Sylvie Morishita, commissaire de l’exposition
Jeudi 25 avril
[Concert] Récital de piano donné à la Chapelle de l’Épiphanie
par le maître japonais Jun Kanno
Mercredi 12 juin
[Cinéma] Projections de films sur le Japon
Renseignements & réservations : 01 44 39 91 21 │ www.missionsetrangeres.com/agenda