C’est au dernier étage d’un immeuble du 11e arrondissement que nous avons rencontré l’artiste Cécile Marie. Chaleureuse et emplie d’une grande sensibilité, elle nous a présenté patiemment, les œuvres présentes dans son atelier. Diplômée de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-arts de Paris, elle a pratiqué la peinture, le dessin, la mosaïque et la calligraphie chinoise.
Le travail de Cécile Marie tourne autour de deux éléments essentiels qui lui sont chers : l’écriture et le pli. Son amour pour le pli, elle le concrétise dans ses œuvres de papier carbone, un matériau qu’elle affectionne particulièrement et qu’elle a longuement exploité dans ses travaux à partir des années 1990. Froissées, pliées sur un support, elle fait succéder les feuilles de manière régulière, les plies, les déplies, les colles… Elle obtient ainsi des compositions noires, en forme de croix ou de longues bandes, dont le thème dominant est la ligne du pli.
A titre d’exemple, ses trois grandes croix carbones créées en 1995 et exposées à l’origine pour l’ancienne chapelle de l’École d’art d’Évreux. Les lignes des plis ne sont jamais régulières ; multiples, elles semblent évoluer de manière continue suggérant la nation de flux sans fin. L’œuvre offre, par l’utilisation du carbone, un jeu subtil de lumière et de brillance. Les reliefs créés par les pliures scandent notre vision de l’œuvre et rompt avec la monochromie du matériau. Ce n’est plus simplement un noir profond et plat que nous voyons, mais tout un jeu subtil de relief et de lumière.
Si la question du temps l’interpelle comme en témoigne ses croix carbones, elle s’intéresse également à l’idée des « retables portatifs ». Elle créé ainsi des polyptyques où peinture et écriture se mêlent. Comme elle nous l’a expliqué lors de notre échange, elle aime l’idée de créer des petits retables à emporter avec soi. Faisant écho aux grands retables inamovibles, elles les réinterprètent et en offre des formats réduits. Facilement transportable, ils nous invitent au recueillement à tout instant.
Car la spiritualité est un domaine qui la touche particulièrement. Dans une volonté de comprendre, elle a suivi des cours de théologie et s’est ouvert à une spiritualité qui lui est propre. Ses nombreux voyages à travers le monde et les rencontres qu’elle a pu faire ont aussi nourri cette soif de spirituel qui l’accompagne mais aussi sa technique artistique. Elle nous racontait, notamment, comment elle a appris la technique difficile de la poterie avec une africaine. Ses œuvres, qui peuvent parfois paraitre bien trop abstraites pour les gens qu’elle côtoie, font au contraire écho à cette recherche mystique. Comme elle le dit elle-même : « Qui y a-t-il de plus abstrait que la foi ? »
L’écriture est également un domaine qui fait partie intégrante de ses œuvres. Notre rencontre a été l’occasion de découvrir un de ses carnets de voyage noirci de signes répondant à une envie frénétique de revenir à la création durant ses aventures au bout du monde. Mais ces « écritures » lui sont propres, faits de suite de signes qui jaillissent. En écho à ces carnets, elle produit de longues bandes de lin déroulables où se révèlent ces signes abstraits.
Une écriture du silence comme dirait Alexandre Hollan : « Ecrire sans mots, écrire le silence, la patience, maintenant la grande passivité et laisser venir en même temps les passions, cris sauvages, forces de la profondeur. »
Caroline Becker
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