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L’association SPREV met en valeur le patrimoine religieux breton

La SPREV (Sauvegarde du Patrimoine Religieux En Vie) est une association qui met en valeur le patrimoine religieux de Bretagne à travers ses édifices, son mobilier, ses objets cultuels. Tous les étés, elle favorise la vie culturelle des édifices en formant des guides bénévoles. Ces derniers sont présents à pied d'oeuvre pour accueillir les visiteurs et leur offrir une découverte des lieux. Le but de la SPREV est de mettre en valeur la richesse du patrimoine religieux non à la manière d'un musée mais comme chargé de la vie d'une communauté chrétienne. Ainsi, si la présentation peut être culturelle, elle comprend aussi l'explication de la fonction liturgique, du sens sacré.
Publié le 12 août 2015

Afin de vous faire découvrir plus en détails cette association, nous avons interviewé l’actuel président de la SPREV, Monsieur Antoine Fortin, qui a accepté de répondre à nos questions. Rencontre…

Antoine Fortin © Ars et Fides

1. En quelle année est née cette association ?
La SPREV a été créée en 1984. L’an dernier, nous en avons commémoré les 30 ans.

2. Qui a fondé cette association et quelle était l’idée de départ ?
Elle a été fondée par le Père Maurice Dilasser, alors curé de Locronan dans le Finistère. Un objectif était de fédérer les associations de chapelles dont beaucoup avait été créé à la fin des années 1970. Ensuite, la SPREV devait organiser des accueils et des visites guidées d’édifices religieux bretons. Enfin, elle pouvait aussi proposer des manifestations culturelles. La première activité a été très vite abandonnée. Les deux autres se sont développées par la mise en place de guides dans les églises, et l’organisation de Soirée du Patrimoine.

Eglise de Plougonven © Finistère tourisme

3. Que symbolise votre emblème, « la clé » ?
Le logo de la Clef est inspiré de la clef de Saint-Philibert, conservée au musée Dobré de Nantes. Elle est la clef qui ouvre la porte de l’église et permet d’y entrer. Elle est également la clef qui permet de donner le sens de ce qui se trouve dans cette église : fonctions liturgiques, symboles, iconographie…

Logo de la SPREV © SPREV

4. Tous les départements de la Bretagne participent-ils à ce projet ?
La SPREV est présente dans toute le Bretagne historique, c’est-à-dire de Guérande en Loire Atlantique à Dol en Ille et Vilaine. Elle est majoritairement présente dans le Finistère dans lequel elle est née.

5. Comment choisissez-vous les églises qui participent au projet ? 
Actuellement, la SPREV répond surtout  à des demandes locales. Elles émanent d’une paroisse, d’une commune ou d’une association. Ensuite, nous instruisons cette demande au regard de l’intérêt historique, artistique et spirituel de l’édifice. Nous sommes également attentifs à sa fréquentation, et envisageons le financement et le logement mis à disposition des guides. Dans tous les cas, l’accord de la paroisse est indispensable au titre des pouvoirs de l’affectataire.

Chapelle de Plouha © SPREV

6. Tous les guides sont-ils bénévoles ?  Y a-t-il un âge limite ?
Un des fondements de la SPREV est la gratuité. C’est ainsi que les visites ne sont pas payantes. C’est aussi pour cela que les guides sont tous bénévoles. Cette gratuité est un atout pour permettre un véritable échange entre le guide et ses visiteurs. Il n’y a pas de limites d’âge même si, de fait, la quasi-totalité des guides est des jeunes étudiants.

Guides bénévoles © SPREV

7. Comment recrutez-vous les guides bénévoles ? Faut-il être un guide expert ou peut-on être simplement passionné pour participer ? Doit-on également être chrétien ?
Il y a de nombreux canaux pour trouver des guides bénévoles. Nous faisons une recherche dans plusieurs universités à travers la France, elle y est assurée par des guides anciens, étudiants voire enseignants. Nous nous tournons aussi vers des paroisses ou des aumôneries d’étudiants. Ensuite, nous utilisons les divers réseaux sociaux, y compris le bouche à oreille et notre site Internet.
Nous ne nous limitons à aucune filière. C’est ainsi que nous avons accueilli des étudiants en droit, en sciences, en mathématique et même en médecine. Ceci étant, la majorité suit des filières en Histoire ou en Histoire de l’art, en tourisme ou encore en langue. Il arrive aussi que le temps de présence comme guide SPREV puisse être validé comme stage auprès de certains organismes de formation.
L’activité n’est pas réservée aux seuls chrétiens baptisés. La seule exigence est d’être bienveillant vis-à-vis de l’Eglise comme institution qui accueille les guides au sein d’une paroisse. Je dois dire aussi qu’être guide dans une église est aussi une expérience spirituelle pour les guides puisqu’ils deviennent porte-parole d’une communauté chrétienne qui a traduit sa Foi dans la pierre, le bois, le verre…

Eglise de Pleyben © Wikimedia

8. Combien de guides comptez-vous en moyenne sur l’ensemble de la Bretagne ?
Les guides sont entre 80 et 90, selon les années.

9. Organisez-vous des sessions de formation pour préparer l’événement ?
Les guides sont formés en deux temps. Tout d’abord, tous les candidats participent à un stage de 3 jours, pendant les vacances de Pâques. C’est l’occasion d’acquérir quelques connaissances générales, de s’entrainer au guidage et de connaître le fonctionnement de l’association.
Puis, dans le lieu d’affectation, une formation spécifique est organisée pour prendre connaissance du ou des édifices. Je précise aussi que les guides disposent de trois fascicules de documentations généraliste : architecture et mobilier, symbolique, culture religieuse. Ensuite, chaque centre dispose d’une documentation propre, à disposition des guides.

Eglise de la Roche-Maurice © Wikimedia

10. Comment répartissez-vous les guides sur les différents sites ? Sont-ils seuls ou plusieurs ? 
Pendant le stage de Pâques, les guides peuvent faire des vœux quant au centre d’affectation. Le placement se fait en fonction de ces vœux mais aussi de contraintes  telles que la nécessité de disposer d’une voiture, le choix d’associer ancien et nouveau, de faire des équipes féminines ou masculines… La plupart du temps, les guides sont deux. Ils peuvent aussi être seul ou, exceptionnellement trois.
Dans chaque centre, un responsable assure la coordination entre la paroisse, la commune, la SPREV et les guides. Cette personne a aussi le souci de l’accueil des guides par la remise du logement, de la documentation, l’organisation de la formation. Par sa connaissance de la paroisse ou de la commune, ce responsable de centre est un maillon essentiel à notre fonctionnement.

Jubé de l’église de la Roche-Maurice © Wikimedia

11. Pour les visiteurs qui seraient intéressés par des visites, sont-elles gratuites ou payantes ? Comment reconnaître un guide SPREV sur le site ?
Une fois encore, le principe est la gratuité. Les visites sont donc bien offertes aux visiteurs, les diverses charges étant assurées grâce à des subventions des collectivités locales ou du mécénat. Ceci étant, il est également autorisé de soutenir les guides, par un petit pourboire, même si ils n’ont pas le droit de le solliciter. Le guide se reconnaît au badge qu’il porte. En outre, un panneau signale sa présence. 

Enclos paroissial de Lampaul-Guimiliau, détail du calvaire © Wikimedia

12. Ce projet, au-delà de la mise en valeur d’un patrimoine artistique exceptionnel, est également une volonté de témoigner de la foi chrétienne. Peut-on dire que c’est en ça que les visites proposées par la SPREV sont uniques ?
La SPREV est membre d’une fédération européenne dont le nom est Ars et Fides avec son siège à Bruges en Belgique. Celle-ci regroupe une quarantaine d’associations qui ont un fonctionnement similaire de mise en valeur du patrimoine religieux et de gratuité de la visite. Elles concernent un seul sites ou plusieurs.

Enclos paroissial de Lampaul – Guimiliau, calvaire © Wikimedia

13. Au-delà des visites guidées, des soirées du patrimoine sont également organisées. En quoi consistent-elles ?
Une soirée de patrimoine est l’occasion de découvrir un édifice le temps d’une soirée. Les modalités sont très diverses. Cela pourra être la visite d’une cathédrale en privilégiant un seul aspect comme les vitraux, le mobilier ou encore l’héraldique. Il peut aussi s’agit d’ouvrir exceptionnellement une chapelle pour la faire visiter ou proposer une conférence sur une thématique comme l’art baroque, le culte des saints… Il existe aussi des soirées du patrimoine sur le thème des contes et légendes. Enfin, ces soirées peuvent aussi permettre des éléments peu connus ou habituellement inaccessibles comme l’orfèvrerie ou la paramentique.

Chapelle St-Michel de Douarnenez © SPREV

14. Les visites guidées de la SPREV connaissent-elles du succès auprès des visiteurs ? 
L’obligation de rendre des comptes à nos financeurs, nous force à comptabiliser nos visiteurs. Je peux donc dire que nous accueillons chaque été, entre 45 000 et 60 000 personnes qui suivent effectivement nos visites. Les retours sont très bons. Des personnes accueillies nous écrivent pour nous faire connaître leur satisfaction.
Par ailleurs, les guides eux-mêmes peuvent témoigner de la richesse de certains échanges. Pendant les vacances, souvent loin de chez soi, les touristes peuvent prendre du temps pour réfléchir sur ce qui fonde leur vie. Ainsi, la présentation d’un calvaire montrant la Passion et Résurrection ou encore celle d’une piéta, peut favoriser cet échange sur des choses essentielles. J’ai pour habitude de qualifier ces échanges, de pastorale de quelques minutes. Dans ce temps, l’échange est vrai car il est gratuit, sans valeur financière mais aussi sans que le visiteur craigne d’être « happé par une paroisse. » Nous avons eu ainsi des témoignages de personnes pour qui ces visites ont été importantes dans leur propre vie de Foi.

Basilique Notre-Dame de Bon Secours à Guingamp © SPREV 

15. Concernant les guides bénévoles, cette expérience les a-t-elle enrichis ? 
Pour les guides bénévoles, cette expérience peut effectivement être aussi d’ordre spirituel. Il n’est pas neutre d’être au service d’une communauté paroissiale pendant quelques semaines, et de la découvrir dans son fonctionnement. En outre, à travers les œuvres qu’il présente, le guide exprime la Foi de cette communauté à travers le temps. Et les sujets abordés autour du sens de la vie, de l’annonce du Salut, peut inviter les guides à la réflexion sur ce qui fonde leur propre vie.

Retables de Saint-Thégonnec © Wikimedia 

16. L’association a du s’agrandir au fil des années. Combien de membres sont aujourd’hui présents ?
Depuis plus de 30 ans, la SPREV a effectivement beaucoup évolué. Nous comptons environ 250 adhérents. Née dans le Finistère, ses centres sont présents sur toute la Bretagne historique. Mais nous recrutons aussi désormais dans toute la France.

17. Avez-vous d’autres projets en cours pour faire évoluer l’association ?
Pour les 30 ans de la SPREV, nous avons organisé un colloque sur le Patrimoine Religieux Breton : Valorisation, Actualité et Histoire. Notre principal projet est donc désormais d’en publier les actes. Ensuite, nous restons attentif aux enjeux liés à ce patrimoine : sa restauration physique avec la question financière, la relation entre le cultuel et le culturel, le lien avec les recherches universitaires…

Interview de Monsieur Antoine Fortin, président de la SPREV

Juillet 2015


Nous remercions Monsieur Fortin d’avoir bien voulu nous éclairer sur cette association et nous vous invitons, si vous êtes de passage cet été en Bretagne, à partir à la rencontre de ces guides bénévoles pour une découverte inédite des églises bretonnes. Pour découvrir tous les sites de Bretagne où seront présents des guides SPREV, n’hésitez pas à vous rendre sur le site de l’association en cliquant ici. 

Informations pratiques : 

Adresse postale :
Association SPREV
41, boulevard de Kerguelen
BP 1109
29101 QUIMPER CEDEX

Le secrétariat de la SPREV est ouvert :
– les lundi et vendredi  de 9h à 12h
– les mardi et jeudi de 9h à 12h , et de 13h30 à 16h.

Tél : 02 98 64 58 81
E-mail : secretariat.sprev@wanadoo.fr

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