Viollet-le-Duc, quand génie et romantisme se mêlent

Architecte, dessinateur, savant, théoricien, archéologue, restaurateur, fondateur du musée de Sculpture comparée…Considéré comme le sauveteur de génie des plus grands monuments du pays, ou, au contraire, comme le destructeur de notre patrimoine médiéval, Viollet-le-Duc (1814-1879) aura eu une carrière sans aucune interruption dans un siècle marqué par l’instabilité politique et sociale. La rétrospective qui lui est consacré jusqu’au 9 mars à la Cité de l’architecture & du patrimoine à l’occasion du bicentenaire de sa naissance, s’arrête sur des aspects moins connus de cette figure majeure du XIXe siècle français.
Publié le 23 janvier 2015

L’exposition dévoile au public un fond considérable d’œuvres graphiques, photographiques et d’écrits, ainsi que quelques-unes des multiples facettes du tempérament de ce personnage hors du commun. Les sept séquences de la scénographie ont pour fil conducteur ce que Jean-Michel Leniaud, un des commissaires de l’exposition, appelle les Délires du système, nés de visions. A savoir, les normes que l’architecte établit afin de donner à l’architecture une dimension anthropologique.

 

 

Système cristallin des restes d’aiguilles séparant le glacier d’Envers de Blaitière de la Vallée Blanche. Dessin; encres © Ministère de la Culture Médiatèque du Patrimoine / image RMN-GP
Flore ornementale. Essai sur la composition de l’ornement. éléments tirés de la nature et principes de leur application, Planche 67, Fasciation – Frêne ©CAPA/MMF

Il voit dans la construction médiévale un organisme vivant, et dans le système osseux animal une analogie de la création architecturale.

Ces visions, liens constants entre l’anatomie, la nature et l’architecture, lui apparaissent de l’enfance et sont nourries par une formation non académique faite de voyages. Ainsi, dans un contexte romantique incarné par Chateaubriand ou Mérimée, le jeune Viollet-le-Duc parcourt la France et l’Italie à la recherche du Beau universel, du Beau idéal. Il s’intéresse également à des périodes moins connues comme le Moyen Âge et la Renaissance. Les innombrables dessins rapportés de ces « voyages pittoresques » témoignent de son extraordinaire virtuosité à reproduire les architectures mais aussi de son imagination débordante.

Le chantier de restauration de la Sainte-Chapelle de Paris auquel il participe à partir de 1840 en tant que second inspecteur des travaux auprès de Jean-Baptiste Lassus, confirme sa vocation d’architecte. « Conformité de goûts, un charmant édifice à restaurer, sujet vaste inépuisable d’études, ce sont là de ces bonheurs qui laissent une impression brillante sur les premières pages de la vie. […] Pour moi, il me semblait que toute la vie pouvait être circonscrite dans cette cour solitaire, sous les contreforts noircis de la Sainte-Chapelle. »

Maquette de ND de Paris avant les travux de viollt-le-duc. Louis-Télesphore Galouzeau de Villepin; 1843 – échelle 1cm/m ©CAPA/MMF/ David Bordes photographe.

Une séquence de l’exposition présente le projet global de restauration, décoration et aménagement urbain de Notre-Dame de Paris auxquels se consacre Viollet-le-Duc à partir de 1843. La maquette de la cathédrale avant travaux, les planches et études, les photographies et documents techniques, Le Journal des travaux, etc. montrent combien ce chantier-phare du XIXe siècle est pour Viollet-le-Duc le manifeste de toutes ses idées et réflexions sur l’architecture et la restauration monumentale.

Vue de ND de Paris avec la flèche et l’ange du Jugement dernier – Charles Marville; vers 1860 ©RMN-GP
étude pour la Vierge à l’Enfant entourée d’anges destinée à la galerie de la Vierge de ND de Paris; dessin, mine de plomb; 1854 ©Capa/mmf

L’architecte s’appuie sur ses connaissances approfondies du Moyen Âge, – époque qui constitue pour lui et la génération romantique la clé de l’identité nationale, – et l’adapte « aux besoins et aux mœurs du moment », comme sur les chantiers des cathédrales de Bayeux et de Lausanne. Il reprend le style gothique pour la « rationalité de la structure dont chaque élément a sa raison d’être, la sincérité dans l’usage des matériaux toujours adapté à leur fonction, l’adéquation du décor à l’architecture » ; tout en le mettant au service de ses contemporains.

Conscient de la valeur de ses recherches et de sa méthode, Viollet-le-Duc n’a de cesse d’œuvrer à transmettre son savoir. Cette volonté prend la forme d’enseignement scolaire dès 1834 ; d’engagement au sein de l’Ecole centrale d’architecture qu’il crée en 1865 ; de publication de ses théories et modèles dans ses deux Dictionnaires raisonnés ; ou dans la conception du musée de Sculpture comparée qui naîtra après la mort de l’architecte en 1882.

La seconde salle du musée de la Sculpture comparée. Séraphin-Médéric Mieusement; vers 1883-1886 ©Capa/mmf

Dans la dernière séquence de l’exposition, le visiteur découvrira deux murs de la salle consacrée à l’ornementation telle qu’elle était  dans son musée de Sculpture comparée. Aujourd’hui, la Cité de l’architecture & du patrimoine, héritière du musée de Viollet-le-Duc puis du musée des Monuments français, rend hommage au projet de toute une vie : diffuser la culture architecturale auprès des professionnels et du grand public.


Informations pratiques
Viollet-le-Duc, les visions d’un architecte 
Jusqu’au 9 mars 2015 à la Cité de l’architecture & du patrimoine
1, place du Trocadéro et du 11 novembre
75116 Paris
La Cité est ouverte tous les jours sauf le mardi

Lundi, mercredi, vendredi, samedi et dimanche de 11h à 19h
Nocturne le jeudi de 11h à 21h

Collections permanentes & expositions: Plein tarif : 12 €/ Tarif réduit : 8 €

01 58 51 52 00
www.citechaillot.fr

 
Ouverture du musée de Sculpture comparée en mai 1882, gravure de Baude et Martin reproduite dans Le Monde illustré; 3 juin 1882 ©Capa/mmf
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