« Les trésors enluminés des musées de France » présentés à Angers, Lille et Toulouse

L’Institut national d’histoire de l’art (INHA) réalise depuis 2005 un projet national de recensement des manuscrits enluminés conservés dans les musées de France, dans les sociétés savantes régionales, et dans certains trésors de cathédrales. Les premiers résultats de cette enquête sont présentés au même moment dans trois magnifiques expositions à Angers, Lille et Toulouse, chacune pour les régions qui les concernent.
Publié le 28 novembre 2013

Bien que la majorité des manuscrits enluminés soient conservés en France dans les bibliothèques publiques, les musées se sont eux aussi enrichis de précieux témoignages de l’art de l’enluminure, au gré de legs et de donations, parfois d’achats exceptionnels.
L’observation des enluminures présente une évolution de l’histoire de l’art qui s’est manifestée autant et parfois plus vite que dans la peinture de chevalet ou d’église. Si bien que les amateurs d’art n’ont pas hésité à découper lettrines et miniatures pour les collectionner, isolées et de leur contexte écrit.

Vierge à l’enfant, Italie, Belbello da Pavia, 1470-1480, 175x162mm, Orléans, musée des Beaux-Arts ©musée des Beaux-Arts d’Orléans, cliché IRHT


Si les usages divers et la pratique de la collection des miniatures sont le cœur de ces trois expositions simultanées, elles ont cependant chacune leur spécificité.


Sont présentés au musée des Beaux-Arts d’ANGERS les plus beaux manuscrits du Moyen Âge et de la Renaissance. La scénographie plonge le visiteur dans l’imaginaire de l’écrit médiéval à travers l’évocation d’un cloître. Dans cette atmosphère propice à la concentration et à la méditation, l’exposition revient sur chaque usage de ces livres richement décorés et évoque les survivances de cet art face aux grandes mutations de la Renaissance.

 

Très tôt les Pères de l’Eglise chrétienne ont considéré que la représentation humaine était autorisée et même souhaitable dans les livres sacrés. Puisque le Christ s’était fait homme, les peintres pouvaient le représenter. Ces images aidaient à mémoriser le texte ou encore à émouvoir le lecteur pour le rendre plus réceptif à la lecture.

La grande variété de compositions, textuelles et picturales de Livres d’heures témoigne du luxe que signifiait cet objet pour son propriétaire. Livre de dévotion destiné aux laïcs, il était souvent premier ou seul livre possédé, chaque commanditaire faisant réaliser son manuscrit suivant ses désirs et ses moyens financiers. Le succès commercial des livres d’heures et la volonté de magnifier le volume révèlent l’importance dévotionnelle à la fin du Moyen Âge.

Annonciation, Heures d’Anne de Mathefelon, Bretagne ou Ouest, vers 1420, 211x150mm, Bourges, Collection Bonnelat, ©Musée du Berry, cliché IRHT

 

 

Des Bibles du XIIe siècle de grands formats en plusieurs volumes enrichies principalement d’un décor d’initiales ornées, aux Bibles des années 1230 de petits formats en un seul volume répondant aux besoins des universitaires et des frères prêcheurs en quête d’un livre maniable ; l’exposition d’Angers montre comment les méthodes de copie ont permis d’adapter le format aux usages de lecture.

 

 

Bible de Conradin, Italie, 120-1270, 100x80mm, Blois, château-musée, legs Franck (1973) ©château royal de Blois, cliché Daniel Lépissier

 

Le Palais des Beaux-Arts de LILLE fait le pari original d’établir le lien séculaire des chefs d’œuvre de l’art du XIIe siècle avec celui du XXIe.
Si « les historiens de l’art du XXe siècle ont permis de révéler la splendeur de la civilisation du Moyen Âge, cette période, dans son abord mythique, attire et fascine toujours. Le « médiéval » s’invite dans tous les arts et touche tous les âges. L’art contemporain y est sensible » explique Cordélia Hattori, commissaire d’exposition. 

Les sculptures hybrides en bronze doré de la série Chalcosoma (2006-2012) de Jan Fabre sont donc présentées au milieu de trésors enluminés méconnus rarement montrés au grand public. L’artiste belge revendique ouvertement l’influence dans son travail de l’esthétique occidentale chrétienne, riche de symboles.

Le parallèle de son travail avec l’enluminure met en évidence la puissance évocatrice de l’iconographie religieuse du Moyen Âge et de la Renaissance dans notre culture visuelle et imaginaire.

Le Cerveau aux ailes d’ange illustre par exemple le désir d’immortalité de l’âme.

Cerveau aux ailes d’ange (2011), bronze, Galerie Guy Pieters ©Angelos bvba//Photo: Pat Verbruggen ©Adagp, Paris 2013


Le parcours présenté au musée des Augustins de TOULOUSE met l’accent sur les usages du livre peint jusqu’à la Révolution.

En effet, si l’essor considérable de l’imprimerie dans la seconde moitié du XVe siècle affecte fortement l’art de l’enluminure, le modèle du manuscrit médiéval connait une longue postérité. En témoignent les luxueux antiphonaires toulousains de la Renaissance comme celui de Philippe de Lévis, évêque de Mirepoix (1466-1537). Ce type de manuscrit, livre de chants pour les offices religieux, plus rares et plus fastueux, restent l’apanage d’une élite aristocratique et cultivée. Encore anonymes, ces manuscrits splendides pourraient être l’œuvre d’un peintre toulousain ou d’un artiste italien.

Antiphonaire de Lévis-Mirepoix, vers 1534, feuillet: L’Adoration des Mages ©Toulouse, musée des Augustins, Phot STC Mairie de toulouse


Enfin, l’exposition de Toulouse intègre dans son parcours des livres ou des feuillets dispersés qui ne relève pas de l’art occidental. Les collections languedociennes étant riches en œuvres extra-européennes, d’autres cultures et d’autres religions trouvent ainsi leur place. Dans un esprit de découverte et de dialogue, le visiteur est convié à voyager dans le temps et dans l’espace, à travers des livres enluminés de Toulouse à Sumatra, en passant par l’Afrique du Nord, l’Ethiopie, l’Iran ou le Mexique.

Ce panorama révèle des collections françaises d’une qualité parfois inattendue et de belles découvertes. Très sensibles à la lumière, ces œuvres repartiront après exposition vers des réserves nécessaires à leur conservation : ne manquez pas cette occasion unique de venir les admirer !


Livre d’heures de Jean Molé, Bourges et Lyon, vers 1490, La Fuite en Egypte ©Rodez, Société des lettres, sciences et arts de l’Aveyron, Photo IRHI

 

Musée des Beaux-Arts d’Angers
Trésors enluminés des musées de France, Pays de la Loire et Centre
Du 16 novembre 2013 au 16 mars 2014

Adresse :
14, rue du Musée
49100 Angers
Renseignements : 02 41 05 38 00
musees@ville.angers.fr
www.musees.angers.fr

Horaires d’ouverture :
Du mardi au dimanche du 10h à 18h

Tarifs d’entrée
à l’exposition: 4€/3€, gratuit moins de 26 ans                                 

à l’exposition et aux collections permanentes : 6€/5€, gratuit moins de 26 ans

 

Palais des Beaux-Arts de Lille
Illuminations, Trésors enluminés de France – Jan Fabre [2006-2013] Chalcosoma
Du 08 novembre 2013 au 10 février 2014
http://www.pba-lille.fr

Adresse :
Place de la République 
59000 Lille
Renseignements : Tel. 00 33(0)3 20 06 78 00

Horaires d’ouverture :
Lundi : 14h – 18h.
Du mercredi au dimanche : 10h – 18h.

Tarifs d’entrée : Atrium – entrée libre / Exposition : 6 € – 4 € / Exposition + collections permanentes : 8 € – 6 €

Catalogue : http://www.invenit-editions.fr/

 

Musée des Augustins de Toulouse
Trésors enluminés  de Toulouse à Sumatra
Du 16 novembre 2013 au 16 février 2014
www.augustins.org

adresse:
Musée des Beaux-Arts de Toulouse
21, rue de Matz
31000 Toulouse
augustins@mairie-toulouse.fr

Horaires d’ouverture:
Tous les jours de 10h à 18h, sauf le 25 décembre et le 1er janvier
Nocturne le mercredi jusqu’à 21h

Tarifs musée et exposition :
Plein tarif : 7€
Tarif réduit : 4€

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