La nature: de Gustave Courbet aux artistes du XXIe siècle, regards croisés

Au milieu du XIXe siècle, Gustave Courbet encore emprunt du paysage classique idéal et recomposé des maîtres des siècles précédents, couche sur la toile ce qu’il voit et ce qu’il ressent. La matière, le réel ou l’illusion du réel, le symbole, la lumière de Courbet sont des champs explorés par les artistes aujourd’hui encore. Pour les 10 ans de son centre d’art contemporain, l’abbaye d’Auberive (Haute-Marne) se lie à l’Institut Courbet pour proposer jusqu’au 25 septembre 2016 un regard croisé autour du paysage. La peinture-collage de Paul Rebeyrolle, la peinture matière de Ronan Barrot ou la vidéo de Jacques Perconte deviennent, comme chez Courbet, matière à ressentir et non plus seulement à voir.
Publié le 13 juin 2016

Gustave COURBET, source dans le jura, 1866, huile sur toile, 50x61cm ©Ornans, Institut Gustave Courbet

Gustave Courbet révolutionna les codes académiques en peignant le monde familier, domestique, sur les grands formats réservés à la peinture d’histoire, aux scènes bibliques ou mythologiques. Ses paysages, eux, sont moins connus car ne sautent pas à la vue par leurs dimensions ou leurs provocations. Pourtant, ils ouvrent la voie aux recherches impressionnistes sur les ombres colorées, comme le raconte le critique d’art Castagnary : « Regardez l’ombre dans la neige, me dit Courbet, comme elle est bleue… Voilà ce que les faiseurs de neige en chambre ne savent pas. »

GUSTAVE COURBET, LA ROCHE POURRIE, ÉTUDE GÉOLOGIQUE, 1864, HUILE SUR TOILE, 60X73CM PHOTO HENRI BERTRAND ©MUSÉE MAX CLAUDET

 

 
Ronan BARROT, Arbre paysage, 2008, huile sur toile, 210 x130cm – Photo Atelier Démoulin © Abbaye d’Auberive
Malgorzata PASZKO, Reflet, 2014, acrylique sur toile, 250 x 190 cm, Photo Patrice Bouvier © Galerie Koralewski, Paris

Ainsi ses peintures de paysage font notamment l’admiration de Cézanne : « Son grand apport, affirme-t-il à propos de Courbet, c’est l’entrée lyrique de la nature, de l’odeur des feuilles mouillées, des parois moussues de la forêt, dans la peinture de dix-neuvième siècle […]. Et la neige, il a peint la neige comme personne !. »

Antoine CORREIA, Paysage, 2013, diptyque, huile sur toile, 100 x 200 x 2 cm – Atelier de l’artiste © Photo Cyril Rezé

Plus d’une vingtaine d’œuvres issues de l’Institut Gustave Courbet, de collections privées, du Musée Courbet à Ornant, et du Musée Max Claudet à Salins, témoignent de ce réalisme où s’entremêlent la passion, l’impétuosité, mais aussi un certain symbolisme et un mysticisme qui ont nourri les artistes d’aujourd’hui :

La matière picturale explorée par Paul Rebeyrolle et Eva Jospin, l’onirisme tourmenté de Fabian Cerredo et d’Antoine Correia, la lumière blanche de Malgorzata Paszko ou celle, cristalline, d’Evi Keller, les couleurs saturées de Jacques Perconte…

 

Malgorzata PASZKO, Champs IV, 2013, acrylique sur toile, 137 x 130 cm – Photo Patrice Bouvier © Galerie Koralewski, Paris 
Fabien CERREDO, Paysage de Patagonie, 1998, 122 x 125 cm – Photo Patrice Bouvier © Galerie Koralewski, Paris
Jacques PERCONTE, Forêt de Bertranges, Bois de Montifaut n°1, 2016, Vidéo monobande 4K, 28’39’’ , Compressions dansantes de données vidéo © Courtesy Jacques Perconte

L’abbaye d’Auberive consacre une salle de l’exposition aux artistes ayant œuvré, dans l’ombre, dans l’atelier de Gustave Courbet près d’Ornan. Participant à faire de Gustave Courbet un des maîtres de la peinture de paysages d’une authenticité nouvelle.

 

Informations pratiques

Courbet et la nature, du 5 juin au 25 septembre 2016
Centre d’art contemporain de l’abbaye d’Auberive

1, Place de l’abbaye
52 160 Auberive (Haute-Marne)
T : 03 25 84 20 20
www.abbaye-auberive.com

Mardi : de 14h à 18h30 – Mercredi au dimanche : de 10h à 12h30 et de 14h à 18h
Plein tarif : 8 € – Tarif réduit : 4,5 € – Gratuit : enfants de moins de 12 ans

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