La chronique de Noël (3/7) : « Réjouissez-vous »

Dans la marche qui nous conduit vers Noël, ce 3ème dimanche de l'Avent a pour fonction de nous disposer à accueillir la joie qui va éclater en la fête de la Nativité.
Publié le 12 décembre 2012

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Alessandro ALLORI, La Prédication de Jean Baptiste – 1601-1603 – Huile sur cuivre, 39 cm x 47 cm – Galerie Palatine (Palazzo Pitti), FLORENCE

 

En introït, la liturgie de ce dimanche propose l’hymne tiré de la lettre aux Philippiens (Ph 4,4-5) et du Psaume 84 :
« Gaudete in Domino semper : iterum dico, gaudete : modestia vestra nota sit omnibus hominibus : Dominus prope est. Nihil soliciti sitis : sed in omni oratione petitiones vestrae innotescant apud Deum – Benedixisti, Domine, terram tuam : avertisti captivitatem Iacob. » (« Réjouissez-vous dans le Seigneur ; je le répète : Réjouissez-vous.Que votre bonté soit reconnue par tous les hommes. Le Seigneur est proche. Ne soyez inquiets de rien ; mais en toute circonstance, par la prière, faites connaître vos demandes à Dieu – Tu as béni, Seigneur, ton pays, tu as fait revenir Jacob de captivité. »)

( Accès à la mélodie sur : www.ccwatershed.org/media/audio/11/12/07/08-54-15_0.mp3 )


A nous qui sommes prisonniers de nos peurs, de nos habitudes et de nos illusions, Dieu veut nous donner une joie profonde. Pour cela, il y a urgence à ne pas nous laisser envahir par les soucis de la vie, à ne pas nous laisser décourager par nos insuffisances ou nos fautes, à ne pas nous laisser abattre par les difficultés des relations humaines. Nous débarrasser de tout ce qui fait obstacle à la joie, n’est ce pas aplanir le chemin du Seigneur qui vient à nous ? La parole de Jean Baptiste est illustrée ainsi par quelques artistes :

 

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Andrea DEL SARTO, Le Sermon de Jean Baptiste – 1515 – Fresque – Cloître dello Scalzo, FLORENCE


Jean est au centre de cette très belle composition en grisaille. Il s’adresse directement aux prêtres et aux lévites (à droite de la composition) qui l’interpellent : « Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ? » (Jn 1, ). Pour toute réponse, Jean fait cette proposition qui est adressée à tout être humain : « Je suis la voix qui crie dans le désert : aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. » Ce Seigneur, le Sauveur, arrive : il est représenté par del Sarto dans la partie supérieure gauche de la fresque. Les auditeurs, assemblés autour du tertre sur lequel est juché Jean, sont attentifs, alors que les interlocuteur du Précurseur ont l’air dubitatif.

 

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Domenico GHIRLANDAIO, La Prédication de Jean Baptiste – 1486-1490 – Fresque, 450 cm de large – Santa Maria Novella (Chapelle Tornabuoni) , FLORENCE – La scène est disposée dans un vaste paysage, typique de l’art de la Renaissance florentine. La maîtrise de la perspective permet au regard du spectateur de se diriger vers la ville de Jérusalem, en arrière plan. Le fait que le Christ soit le nouvel Adam par qui le Salut vient dans le monde est symbolisé par l’arbre – placé entre ce dernier et Jean Baptiste -, rappel de l’arbre du paradis terrestre.

 

Il est est de même sur cette autre fresque de l’artiste florentin Ghirlandaio. Le Sauveur arrive. Il est dans une position d’attente et s’apprête à emprunter un chemin qui, justement, a été préparé : aucun obstacle ; les pierres ont été placées sur le bord. Les pharisiens posent à nouveau une question : « Si tu n’es ni le Messie, ni Elie, ni le grand Prophète, pourquoi baptises-tu ? » Cette demande nous introduit dans le fait que le Seigneur ne vit pas dans un lointain passé ; il est à notre porte et il frappe (cf. notre première chronique). Ne l’entendons-nous pas arriver et nous dire « Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ».

 

Un autre très beau chant du temps de l’Avent, « Rorate caeli » (inspiré par le verset du livre d’Isaïe 45,8), illustre ce lien indissociable entre la venue du Sauveur et notre nécessaire conversion. En voici la traduction :


Roráte caeli désuper, et nubes pluant iustum.
Cieux, répandez d’en haut votre rosée et que les nuées fassent descendre le Juste.

Ne te mets pas en colère, Seigneur, ne garde plus souvenir de l’injustice.
Voici, la cité sainte est devenue déserte,
Sion a été désertée, Jérusalem est en désolation,
la maison de ta sanctification et de ta gloire, où nos pères avaient dit tes louanges.

Nous avons péché et sommes devenus impurs.
Nous sommes tombés comme des feuilles mortes
et nos iniquités nous ont balayés comme le vent.
Tu as détourné de nous ta face, et nous as brisés sous le poids de nos fautes.

Vois, Seigneur, l’affliction de ton peuple,
et envoie celui que tu dois envoyer :
envoie l’Agneau, le maître de la terre, de Pétra dans le désert jusqu’à la montagne de ta fille Sion,
afin qu’il ôte le joug de notre captivité.

Consolez-vous, consolez-vous, mon peuple : vite viendra ton salut,
Pourquoi es-tu consumé dans l’affliction, pourquoi la douleur se renouvelle-t-elle en toi ?
Je te sauverai, n’aie pas peur, moi, je suis le Seigneur Dieu,
Le Saint d’Israël, ton Rédempteur.

(Accès à la mélodie sur :  http://www.youtube.com/watch?v=S0Rv5F88WYA)

 

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Paolo VERONESE, Jean Baptiste prêchant – vers 1562 – Huile sur toile, 205 cm x 169 cm – Galleria Borghese, ROME
 

Dans cette représentation, Jean, par son geste, invite à la conversion mais aussi, désignant le Christ qui arrive, invite le peuple qui doit maintenant connaître celui qui baptisera dans l’Esprit. Par le baptême,  » Le Seigneur ton Dieu est en toi. C’est lui le héros qui apporte le salut. Il te renouvellera par son amour. » (Sophonie).

 

Ces œuvres, comme tant d’autres sur ce sujet, nous disent que « le peuple était en attente, et tous se demandaient si Jean n’était pas le Messie » (Lc 3,15). Il « annonce au peuple la Bonne Nouvelle » (Lc 3,18). Le discours de Jean est une première réponse à la question, qu’à la suite de ses contemporains, nous nous posons : « Que devons-nous faire ? » (Lc 3,10)

 

 

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Andrea DEL SARTO, Le Baptême du peuple – 1515-1517 – Fresque, Cloître dello Scalzo, FLORENCE

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