« Ce que la photographie reproduit à l’infini n’a lieu qu’une fois », écrit Barthes. L’événement qu’elle répète a été ceci ou cela. Il est au bout de ce geste, là, pointé du doigt, à l’image du personnage de la photographie Cinérama, titre éponyme de l’exposition, qui désigne l’objet ou l’action de la scène suivante mais inconnue parce que le photographe n’aura saisi de cette posture, que cet instant précis, dans ce lieu donné.
Ainsi, la nouvelle exposition de Sami Trabelsi à la galerie Tarasiève nous plonge dans ses récentes pérégrinations des États-Unis à l’Afrique. Cependant, le point de départ de ce voyage est une image particulière, celle d’une statue prise en 2012 à Paris, qui témoigne de l’époque transitoire dans son travail, où la figure humaine habite petit à petit ses compositions photographiques et vidéastes. Depuis, ce sont des hommes ou des femmes, en chairs et en os, souvent inconnus et croisés par hasard, qui les peuplent et sur lesquels l’artiste pose son regard avec curiosité, mais sans voyeurisme.
Anagramme d’american, Cinérama débute la série sur les États-Unis, non sans une idée du cliché du rêve américain, quelque peu désuet mais encore véhiculé par les films hollywoodiens. L’été 2015, dans les traces de Voyage avec Charley de John Steinbeck, l’artiste a ainsi parcouru 25 000 km en camping-car avec un dispositif de studio ambulant et d’appareil à vision.
Paysages gigantesques, maisons abandonnées, villes tourbillonnantes, Sami Trabelsi propose donc son constat d’une Amérique du 21e siècle, celle de la surconsommation, des subprimes, de la culture du fast-food, où finalement seuls les espaces naturels fascinent toujours par leur grandiloquence. Images couleurs ou noir et blanc, le photographe opte pour une expérimentation argentique renforçant son intention esthétique.
Autre projet, autre territoire, celle de l’Afrique subsaharienne. Entre tradition et modernité, de ses tisseuses de perruques en repos sous un arbre à ce bâtiment à l’architecture à l’allure si « mondialiste », l’artiste tente d’exprimer par ces deux images, un continent à deux vitesses avec ses problématiques identitaires que Sami Trabelsi parvient, avec sa délicatesse habituelle, à révéler.
Biographie de Sami Trabelsi
Né en 1982, Sami Trabelsi est diplômé de La Villa Arson en 2003. Par la suite il intègre la Rietveld Academie d’Amsterdam en double cursus avec les Beaux Arts de Paris ou il obtient sont diplôme en 2009. Il multiplie les expositions à Marseille, Barcelone, ou Maastricht. Il obtient ensuite une résidence avec l’ambassade des Etats-Unis à Paris pour réaliser un reportage photographique aux USA. Ces derniers travaux photographiques sont issus de différents voyages en Afrique à Dakar (Sénégal) et Abuja (Nigeria), respectivement pour la biennale de Dakar et pour un Workshop avec l’institut Français de Abuja.
Informations pratiques
Exposition SAMI TRABELSI : Cinérama – Loft Suzanne Tarasiève, PASSAGE DE L’ATLAS / 5, VILLA MARCEL LODS – 75019 Paris
Du 1er juin – 8 juin 2017
/ Vernissage jeudi 1er juin 2017 de 19h à 21h
Contacts : + 33 (0)1 45 86 02 02
Site internet : http://suzanne-tarasieve.com/