Notre-Dame-du-Rosaire aux Lilas (Seine-Saint-Denis) est une église paroissiale communale reconstruite en co-maîtrise d’ouvrage par la Ville et le Diocèse, dans une commune très dense de première couronne. Au même moment que l’Hôtel de Ville, typique de sa période (1884), une église avait été rapidement construite en 1887, avec le projet d’une réalisation ultérieure plus durable. La loi de 1908 avait transféré la propriété de cette église à la Commune, mais le bâtiment provisoire était resté. Les générations de paroissiens s’étaient attachées à ce bâtiment modeste, mais ses imperfections techniques se sont avérées insolubles. Or la Municipalité souhaitait recomposer tout l’îlot.
La Ville et le Diocèse ont donc décidé la reconstruction de l’église et la réalisation mitoyenne d’un centre pastoral. La nouvelle église, élevée sur le site de l’ancien presbytère, a été consacrée le 30 janvier 2011, permettant de démolir l’ancienne église (novembre 2011) pour commencer la réalisation du Centre pastoral. Le financement a été partagé entre la Ville, propriétaire de l’église, le Diocèse et la paroisse, avec l’aide des Chantiers du Cardinal et de nombreux donateurs. Le concours de maîtrise d’œuvre (2005) a attiré 48 équipes candidates. Les lauréats, ENIA, de jeunes architectes (Brice Piechaczyk, élève de Ciriani) ont été associés à un co-traitant milanais plus expérimenté, Mauro Galantino.
La nouvelle église offre 350 places, avec une tribune offrant une centaine de places. Elle a conservé la même dédicace que la précédente, la prière du Rosaire de la Vierge Marie ayant été confortée par Jean-Paul II en 2002. « Rue Jean-Moulin, un monolithe en pierre blanche, opaque, est mis en léger mouvement par des plis rigoureux. Sans ostentation, ce volume dégage une présence limpide, au carrefour d’un tissu urbain hétérogène. Côté façade, un biais et la pierre sombre du soubassement organisent le parvis généreux ». « Protégée de la ville par ses murs, Notre-Dame-du-Rosaire a été pensée comme un cheminement de la foi, depuis l’entrée jusqu’au lieu de l’assemblée ». « La matière, la lumière et l’espace invitent et accompagnent le mouvement du corps vers l’espace contemplatif » par la séquence suivante : le parvis, « tenu » par une verticale-fente de lumière qui, dans le prolongement du campanile de 21 mètres, révèle à la rue l’espace sacré ; puis le narthex, cheminement « initiatique » en pente douce dans la profondeur du projet, conduit à une Vierge à l’Enfant.
On aborde alors l’église par le fond ; on peut alors, soit s’orienter vers la droite pour une dévotion discrète dans une chapelle, soit opérer un retournement à 180° face au chœur lumineux baigné par la lumière qui « arrive de partout sans jamais montrer d’où elle provient ». On s’asseoit alors dans la nef constituée d’un volume intérieur blanc à la géométrie simple et rigoureuse, ponctué de rais de lumière provenant des multiples petites ouvertures de la façade sud qui évoquent Ronchamp.
Une partie de la statuaire ainsi que le vitrail de la tribune proviennent de l’ancienne église. Plusieurs artistes ont participé au programme liturgique : Didier et Alice Sancey pour la création des vitraux dont ceux du Rosaire (réalisation ateliers Loire) ; Claude Abeille pour le Christ en bas-relief de l’espace de gloire ; Dominique Kaeppelin pour une statue de Notre-Dame du Rosaire ; Laurence Bernot pour le chemin de croix ; Jean-Jacques Bris pour la croix monumentale du chœur ; Claude Chéret (Ateliers d’Art Liturgique Chéret) a conseillé les architectes également pour l’autel et l’ambon en laiton, le baptistère et le mobilier du chœur.
Pierre Vérot
Pour aller plus loin :
Découvrez un dossier sur Notre Dame du Rosaire aux Lilas sur le site de la liturgie catholique