Une croix en bois se détache sur l’un des grands murs de béton de l’église du couvent de La Tourette. La lumière semble jaillir derrière la croix, la nimbant d’un halo mystérieux. Saisi par la force de la présence, une présence tout en discrétion, le regard est naturellement attiré par cette croix. L’œuvre conçue spécialement pour l’église du couvent par le plasticien Eric Michel ne s’impose pas, elle semble à sa place, d’une présence tout en justesse, avec une économie de moyens, sans grand effet démonstratif.
Il n’était pas évident d’imaginer installer une œuvre dans l’église construite par Le Corbusier, qui souhaitait que l’espace reste le plus dépouillé possible afin que, par l’harmonie et l’équilibre des proportions, le lieu se mette à rayonner de lui-même. L’architecte parle ici d’espace indicible. Cependant Le Corbusier avait conçu une grande croix métallique plantée dans le dallage auprès du maître-autel, croix aux proportions harmonieuses du Modulor. Aussi Eric Michel les a-t-il reprises pour concevoir sa croix en bois suspendue contre le mur. Le Corbusier considérait la lumière comme un matériau de construction à l’instar du béton. Ici la lumière à l’arrière de la croix semble jaillir du mur, telle une faille, faisant ainsi référence à la grande croix du chœur de l’église de la lumière, construite par Tadao Ando à Osaka.
Cette œuvre de lumière d’Eric Michel trouve parfaitement sa place dans l’église, ouvrant une nouvelle appréhension de ce lieu de prières.
Fr. Marc Chauveau
Le 13 février 2013