Vue de l’exposition La Forêt blanche à la Galerie Lelong, Paris 2016
© Courtesy Galerie Lelong / Photo Fabrice Gibert
De toute évidence, la sculpture n’est pas une question de matériau, de dimension ou de poids ; c’est une question d’énergie. Jaume Plensa
Jaume Plensa choisit, pour ses modèles, le moment crucial, éphémère, entre l’enfance et l’âge adulte. Il met en évidence le mystère, la force de suggestion, la beauté singulière d’un visage humain. Nous ne connaissons évidemment ni Laura, ni Lou, ni Sanna ou Isabella que le sculpteur portraiture.
Mais nous voyons bien que chacune de ces sculptures, ou ces dessins à grande échelle, qui s’imposent sur les murs, sont de véritables portraits. Qu’ils sont aussi des visages déformés, recréés, réinventés par l’esprit et la main de l’artiste. Ici, chaque tête de deux mètres de haut nous touche, nous regarde, nous désarme. Le bronze patiné de blanc, les traces de la matière première –le bois-, le calme de la composition d’ensemble nous conduisent dans un espace nouveau, dans cette forêt de corps et de lumière, à la fois familière et étrange.
LAURA’S FROZEN DREAMS, 2015
VERRE, 8 EXEMPLAIRES
53 X 14 X 26 CM # W19276 © PLENSA / COURTESY GALERIE LELONG
BRONZE À PATINE BLANCHE, 5 EXEMPLAIRES
196 X 103 X 103 CM # W19200 © COURTESY GALERIE LELONG
L’univers de Plensa est le nôtre, mais traversé de fulgurances qui trouent la plate quotidienneté de l’existence. Rien de moins violent ou de lourdement expressionniste. Mais la tension entre les vides et les pleins, la façon dont le vide de la galerie est habité par ces apparitions, créent un espace orienté, aimanté par une énergie palpable. « De toute évidence, écrit Plensa, la sculpture n’est pas une question de matériau, de dimension ou de poids ; c’est une question d’énergie ».
L’énergie à l’œuvre dans ses sculptures se marque d’autant plus que, si Plensa expose des visages, ce sont des âmes qu’il sculpte. Des âmes matière et esprit, des âmes présentes ici bas dans cet habit de gloire qu’est notre chair, figurée, transfigurée dans la blancheur du bronze. Un vrai bonheur de sculpture, à découvrir absolument.
– Paul-Louis Rinuy