La couleur rose, incluse tardivement, est portée à seulement deux occasions : le quatrième dimanche du Carême, dit de Laetare à partir du XVIIe siècle, et depuis 1901, par analogie liturgique, le troisième dimanche de l’Avent, dit de Gaudete. Cette couleur s’inspire de la bénédiction papale de la Rose d’or, impulsée au Moyen-âge et toujours en usage. La Rose d’or, bénie le quatrième dimanche du Carême, est offerte par le pape à des sanctuaires religieux1. Le rose, à l’instar du violet, manifeste un souffle de joie durant les temps de pénitence.
Le bleu a été récemment autorisé en tant que couleur mariale, pour la fête de l’Immaculée Conception, exclusivement en Espagne et en Amérique latine.
Le gris cendré est utilisé dans le rite lyonnais durant l’Avent et le Carême, en remplacement du violet.
Toutefois, il y a un pas de la rubrique à la pratique, et si l’usage des couleurs est largement respecté, les particularités et adaptations des Églises locales ont toujours existé. Certaines pratiques marginales se sont perdues. D’autres ont subsisté, comme l’utilisation du blanc en remplacement du noir dans les pays asiatiques, pour lesquels il est le signe du deuil.
Canoniquement, les couleurs liturgiques doivent être appliquées à tous les vêtements de dessus, aux attributs épiscopaux – à l’exception de la mitre – ainsi qu’au voile de calice, à la bourse et à l’antependium.
Selon la Présentation Générale du Missel Romain, « l’emploi de couleurs diverses pour les vêtements liturgiques vise à exprimer efficacement par des moyens extérieurs ce qui caractérise les mystères de foi que l’on célèbre et, par suite, le sens d’une vie chrétienne qui progresse à travers le déroulement de l’année liturgique.2 »
La couleur rythme l’espace et le temps, emblématise l’année liturgique. Comme le souligne Michel Pastoureau3 , l’approche de la couleur liturgique est conceptuelle, archétypale, abstraite. Ainsi, son application octroie des nuances chromatiques : le rouge, par exemple, assimile le vermillon, le carmin.
À la différence du vêtement sacerdotal, dont la symbolique a posteriori relève de la construction artificielle, la fixation des couleurs et de leur association avec certains évènements de l’année liturgique puise dans un ancrage physique, cosmologique, psychologique, en accord avec les enjeux théologiques de ce que célèbrent ces couleurs : ainsi, le blanc, expression de la sphère céleste, du divin, des Vierges, renvoie aux notions de pureté, de lumière ; le noir, expression de l’au-delà, de la mort, s’assimile à la nuit, à l’état d’aveuglement ; le rouge, attribué à la Passion et aux martyrs, mais aussi à l’amour divin, est à la fois sang vital et létal ; il est aussi le feu de la Pentecôte; le vert, quant à lui, est la couleur végétale, expression de la régénérescence cyclique de la nature, temps d’espérance liturgique.
Marine Ferrero
1Ou, plus anciennement, à des princes et autres dignitaires territoriaux.
2Article 307 de la PGMR, Missel romain, Desclée-Mame, Paris, 1974, L.
3Michel Pastoureau, « Ordo colorum, notes sur la naissance des couleurs liturgiques », La Maison-Dieu, 176, 1988, p.66.